Le festival d’Utrecht (Pays-Bas) consacré aux musiques et aux cultures du monde entier présente une série de reportages vidéos sur leur chaîne de télévision en ligne dans le cadre du projet « Reports from Other Continents ». Direction la RDC dans la ville de Sake, où les habitants soignent leurs traumatismes par la danse folklorique traditionnelle.
En République démocratique du Congo, le réalisateur, producteur et défenseur des droits de l’homme Horeb Bulambo Shindano est parti à la rencontre du musicien Baeni Mukuba, qui a eu l’idée géniale d’organiser chaque semaine, un spectacle folklorique pour libérer les habitants de la ville de Sake de leurs traumatismes. Cette vidéo porte sur un jeune groupe composé de jeunes issus de deux familles de Sake, ville située à 30 km à l’ouest de Goma, dans la partie orientale de la République démocratique du Congo. Au cours des 20 dernières années, les habitants de Sake ont été contraints de quitter leur ville, par crainte des conflits. Pendant les 20 dernières années, ainsi que dans d’autres régions de l’Est du Congo, de nombreuses femmes saké ont été violées, et de nombreux enfants ont été enlevés pour rejoindre des groupes armés. Ces atrocités conduisent la population de Sake à vivre dans une psychose de conflits et de traumatismes permanents. Pour y remédier, Baeni Mukuba a lancé son propre remède : un spectacle folklorique traditionnel hebdomadaire public, pour panser à sa façon les blessures de sa ville.
Bien que ce rituel ne soit pas explicitement mentionné, on peut fortement penser qu’il s’agit d’une parade guerrière proche de la danse Ekongo par l’expression de sa bravoure et la souplesse des sauts maintenus dans un rythme effréné. Les instruments ont également un rôle très important : quatre djembés dont deux jouent le rôle de sono et deux autres jouant le rôle d’accompagnement, ainsi que des tenues composées en partie de peau animale. En incarnant les vertus du courage, cette danse libératrice raconte l’histoire d’un peuple victime des conflits dont la seule issue pour survivre reste la danse à travers la musique.
À noter que d’autres reportages en provenance d’autres continents seront publiés dans les prochaines semaines sur la chaîne YouTube et le site web de Le Guess Who ?.